les matériaux utilisés en marqueterie

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Les matériaux d’incrustations et de marqueterie

L’écaille de tortue

Les plus belles écailles de tortue et les plus rares proviennent de la tortue Eretmochelys imbricata appelée communément caret qui vit dans les eaux chaudes. C’est une matière noble, fascinante par ses nombreux reflets variant du miel au brun foncé et sa transparence qui est utilisée depuis l’Antiquité. Sa réputation est également due à sa transparence et à ses multiples possibilités de transformation. En France, c’est dans l’ameublement de Louis XIV que l’on trouve sa plus grande utilisation, en particulier avec les meubles de l’ébéniste André-Charles Boulle. Les meubles « Boulle » qui reprennent les motifs de Bérain sont plaqués de métal et d’écaille teintée soit par des colles ou par l’application sur un support peint en jouant de la transparence de l’écaille.

Le laiton

Connu depuis l’Antiquité, le laiton est un alliage de cuivre et de zinc dans des proportions variables. On l’appelle « cuivre jaune » ce qui montre à quel point on peut le confondre avec le cuivre. Il compose souvent les galeries entourant les plateaux des guéridons mais sert aussi en application de fines plaques des marqueteries Boulle.

L’étain

Extrait des mines stannifères de différentes régions du monde, l’étain est considéré comme un métal précieux dans les premières civilisations. Il a servi dans la fabrication d’objets utilitaires ainsi que comme applique sur des meubles en remplacement de l’argent, et notamment dans les marqueteries Boulle du XVIIe siècle.

La paille

La paille, généralement de seigle, est teintée et tressée avant d’être employée dans la fabrication des sièges. Il existe une autre utilisation de la paille : la marqueterie de paille. Il s’agit d’une tradition française qui remonte au XVIIIe siècle. La technique ressemble à la marqueterie de bois : collage sur papier, découpe du fond et remise du motif à sa place. Au XVIIIe siècle on produisait surtout des étuis, des coffrets ou des petits meubles. Dans les années 1940-1950, André Groult renoue avec cette tradition en créant des meubles très raffinés avec ce petit brin de paille.

L’ivoire

Il s’agit d’une substance blanche, dure et au grain serré qui constitue la matière principale des dents et des défenses d’animaux comme le morse, le rhinocéros ou l’éléphant. Mais l’appellation « ivoire » s’applique aux seules défenses d’éléphants. L’ivoire a toujours été un matériau précieux. L’ivoire se travaille comme le bois et comme lui se rétracte en séchant. Ses teintes sont inégales et peuvent varier dans le temps et selon la provenance : l’ivoire peut jaunir, se patiner d’un brun roux ou même blanchir. L’art de l’ivoire est déjà florissant dans la France du XIe siècle. Il apparaît dans les marqueteries des cabinets du XVIIe siècle en fines plaques gravées incrustées dans l’ébène. En raison de son origine animale, l’exploitation de l’ivoire constitue une véritable menace pour les espèces productrices. Son utilisation dans les métiers d’art n’est pas interdite mais aujourd’hui elle est soumise à réglementation.

L’ivoire de mammouth

Il fait partie des substituts de l’ivoire d’éléphant. C’est l’ivoire fossile. Il provient de Sibérie, sa disponibilité est faible, son prix élevé, mais son commerce n’est pas encore réglementé.

L’ivoire végétal, tagua ou corozo

Il provient de l’albumen du fruit du palmier à ivoire Phytelephas (littéralement éléphants végétaux) qui pousse dans les forêts amazoniennes. Avant de mûrir, le fruit contient un lait sucré (albumen). En durcissant, il devient l’ivoire végétal, la graine, que l’on appelle tagua ou corozo. Un arbre produit à peu près 20 kg de graines par an soit à peu près le poids des défenses d’un éléphant de 6 tonnes. Ce sont les Espagnols qui les premiers découvriront l’ivoire végétal à la fin du XVIIIe siècle. Le commerce va s’établir avec l’Europe pour la fabrication de boutons et de petits objets et remporter un vif succès jusqu’à l’arrivée du plastique au début du XXe siècle qui entamera son déclin. Aujourd’hui, l’ivoire végétal refait son apparition grâce à quelques associations motivées et l’impulsion des grands créateurs. Ses avantages sont multiples : un produit naturel, des formes uniques, il n’y a pas une graine semblable à l’autre, une alternative esthétique à l’ivoire. Le seul problème : la taille des graines. Il nous parvient en Europe des graines de la taille d’un œuf au maximum ce qui en limite son usage.

Autres substituts de l’ivoire

Il existe d’autres substituts à l’ivoire des défenses d’éléphant : le casque corné du cacatoès, l’os, les résines…Parmi ces dernières : le micarta. C’est un assemblage sous pression et chaleur de résines phénoliques et de papier compacté ou de tissu. On peut trouver du micarta de différentes couleurs, notamment ton ivoire. Cette résine imite le toucher de l’ivoire et en partie son aspect hormis les fentes et les imperfections. Il présente l’avantage d’une grande résistance à la pourriture et à la corrosion.

L’ivoirine est un autre substitut. Il s’agit d’une reconstitution d’ivoire à partir de poudre d’ivoire et de résine. Comme le micarta, son aspect est sans fente et sans structure.

L’os

L’os, généralement de bœuf ou de mouton, est robuste, léger et se prête à toutes les possibilités de façonnage : il peut être scié, tourné, poli et teint. Laissé naturel et poli, il donne un blanc crémeux et peut se substituer à l’ivoire.

La nacre

C’est un produit calcaire aux reflets irisés secrété par le mollusque du coquillage tout au long de sa vie. Contrairement à la coquille, la nacre se reconstitue lorsqu’elle a été abîmée chez le coquillage vivant. Elle est recherchée dans la confection des boutons et bijoux, dans la tabletterie mais aussi la marqueterie de coffrets et de meubles. On ramollit la nacre dans l’eau bouillante avant de l’aplatir et de la découper. Elle peut être teintée par des colorants organiques. Les premières nacres provenaient de l’huître perlière qui fut remplacée par le troca de Nouvelle Calédonie.

La corne

La corne est constituée de kératine et se trouve chez les bovins, caprins et ovins. C’est une matière fragile. Elle est par ailleurs sensible au desséchement et doit être nourrie d’huile ou de graisse pour éviter les fendillements ou les retraits. Matériau traditionnel en coutellerie, les marqueteurs et tabletiers l’ont également utilisée, certaines marqueteries Boulle sont en corne.

Les bois de cervidés

Les bois de cervidés (cerfs ou chevreuils) sont une production osseuse qui pousse et tombe chaque année. C’est un matériau solide dont la couleur varie du brun au beige clair selon les espèces. Parfois texturés ou très lisses, ils sont essentiellement utilisés dans la coutellerie mais on les retrouve aussi comme ornement des cabinets de curiosités.

Les matières plastiques

Les plastiques sont des polymères dont les matières premières de base peuvent être : – végétale comme la cellulose tirée du bois ou du coton ; le celluloïd fait partie de cette catégorie de plastique, il s’agit d’un matière plastique artificielle inventée en 1869 par les Américains Wesley et Hyatt. A base camphre, de cellulose et d’alcool, le celluloïd possède de nombreuses qualités : légèreté, solidité, richesse de coloris. Mais il est inflammable. Il peut imiter l’ivoire et l’écaille. – animale comme la caséine du lait qui associée au formol donne la galalithe ou pierre de lait, – minérale comme la bakélite composée d’une résine issue du coke transformé en gaz.

Parmi les qualités des matières plastiques on peut citer : la légèreté, la transparence ou l’imperméabilité. La plupart ont vu jour à la fin du XIXe siècle quand l’industrie chimique s’est développée. Celluloïd, ivoirine, acétate de cellulose, bakélite, galalithe, micarta, ébonite, il n’est pas toujours aisé de les différencier des matières naturelles qu’ils imitent : l’ivoire, l’écaille…

Les marbres et autres pierres dures

En ameublement, les marbres ont surtout servi à recouvrir les dessus de meubles (commodes, tables ou consoles) sous forme :

– d’un plateau unique ou bien en façade sur les bahuts de la Renaissance. Les modes font varier les couleurs, sous Louis XIV on aime les marbres colorés comme le Rouge Royal (qui est un marbre campan), le style Louis XVI penchera vers les marbres sobres blanc ou gris… – ou d’une marqueterie de pierres dures. Ce sont les Italiens qui ont appliqué au mobilier la technique de l’intarsia ou marqueterie de pierres polychromes au XVIe siècle. Les Médicis fondent à Florence une manufacture destinée aux mosaïques de pierres dures. Les plateaux aux motifs géométriques, de paysages, de bouquets ou d’animaux se couvrent de marbre, calcédoine, onyx, jaspe, lapis-lazzuli, agate, bois pétrifié, etc. Ce savoir-faire s’exporte partout en Europe à la cour de Rodolphe II, à la manufacture des Gobelins sous Louis XIV, à Madrid et essaime avec lui le style des marqueteries de pierres dures florentines.

On considère trois types de gemmes : les pierres précieuses (diamant, émeraude, rubis, saphir, l’alexandrite), les pierres fines (appelées anciennement semi-précieuses qui regroupent les gemmes transparentes non classées dans les pierres précieuses comme le grenat, la topaze, le cristal de roche) et enfin les pierres dures ou ornementales comme l’agate, l’ambre, la calcédoine, le jade, le jaspe, le lapis-lazuli mais aussi le corail et la perle.

Un exemple de pierres dures : le cristal de roche

Le cristal de roche est un quartz le plus souvent incolore et transparent. Il est extrait des gisements des Alpes ou du Brésil. Au Moyen-Age on le retrouve comme éléments décoratifs des reliquaires avec d’autres pierres semi-précieuses. Il a également servi à la réalisation de colonnes dans les architectures des cabinets de la Renaissance.

Le corail, souvent classé dans les pierres dures

Le corail est un animal microscopique qui se ramifie tout au long de sa vie formant avec ses multiples congénères le récif corallien. Sa couleur varie du blanc, au rose, au rouge sombre et jusqu’au noir. Il évolue tant dans les mers chaudes de la Chine et de l’Indonésie que dans les mers plus froides de la Méditerranée ou au large de la Grande Bretagne. Depuis l’Antiquité, il est utilisé dans la bijouterie, la tabletterie, la marqueterie et il décore les cabinets les plus somptueux.

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